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Laetitia de Gaulle, le potentiel surréel


Riche et référencé, son art tout entier se concentre sur l’image.
« C'est toujours une image, comme une rencontre, qui crée le début de l'histoire. »

Sa matière première est le papier qu’elle prélève en feuilletant les livres et les magazines. « J'aime le côté sensuel du papier et la profusion d'images qui enlève toute limite à mon inspiration. »
Elle dessine ou peint également elle-même ses papiers. Le fonds des toiles est travaillé à l’aide de papier de soie ou de riz marouflé qu’elle peint préalablement avant de le déchirer puis le coller. La couleur intervient par la suite. Elle la fabrique en glanant ici et là les pigments.

Un regard, des lèvres, des talons aiguilles, différentes parties du corps humain, voluptueuses de préférence, sont arrachées des pages de magazines de mode pour s’immiscer dans un décor glamour reconstitué. La composition végétale et l’élément floral domine mais Laetitia de Gaulle fait se télescoper corps, natures mortes, animaux, espaces et éléments urbains. Pièces d’architecture structurantes ou objets décoratifs, ses sujets épars constituent un champ de signes instables qui nous font douter de ce que l’on regarde. Elle relie ses images luxuriantes selon une technique d’accumulation très personnelle, tel un ruban qu’elle déroule sous l'influence surréaliste.
« C’est un monde où tout est permis, sans convention. Une image, peut signifier autre chose que ce qu'elle montre. Chacun peut alors entrer dans la toile et créer son propre univers. Il n'y a alors plus de contrainte à être ce qu'il faut. Il suffit juste d'être ce qu'on est. »

Immersion, technique mixte, 70 x 100 cm

Du surgissement de l’image à la dissolution de son interprétation, la réalité construite est remise en cause et devient presque virtuelle. Liée à l’expérience hallucinatoire, la composition permet tous les troubles optiques, toutes les astuces d’échelle.
Cette désorientation sensorielle provoque un sentiment heureux, une invitation enchantée à apprivoiser l’évanescence. La palette est particulièrement rayonnante et la couleur essentielle.
« Elle est la lumière, la formidable diversité de ce qui nous entoure, la joie, elle est surtout la vie. Quelle que soit l'humeur, l'épreuve, la période, la couleur donne à nos pensées ce souffle vivant et joyeux. »

Au-delà de la surface plane, Laetitia de Gaulle sculpte de drôles d’animaux au regard clair. Les petites bêtes loufoques sont moulées en résine puis peintes et ornées, entre autres de paillettes, avant d’être vernies selon les techniques de carrosserie, ceci afin de résister à l'extérieur. Le bestiaire est un véritable cabinet de curiosités que l’on caresse du regard avec un certain amusement. Comme ses toiles, ses statues fantasques cultivent un potentiel de fable et l’art de faire sourire.
« L'humour et une certaine dérision font partis de ma personnalité (…) Je suis heureuse, joyeuse, et je le partage. »
Le sens comique renforce l’idée de plaisir, associant à son œuvre les qualités de la création à une certaine forme burlesque empreinte de poésie.