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Pierre Farel, l’attraction esthétique


Madison Taxis
L’œuvre de Pierre Farel est mouvante, vivante, excursionniste. Au gré de ses voyages, il parcourt des territoires marqués par une esthétique urbaine où les êtres se rencontrent.

Fascinée par la vie grouillante, musicale et nocturne des villes, sa logique constructive s’étend à Paris, Londres, Berlin, New York, Hong Kong, Pékin, Shanghai… Autant de lieux qui ont reçu ses expositions. De ces déplacements, il saisit l’immédiateté de la rencontre donnant lieu à des retrouvailles, des rendez-vous, des coïncidences.  
« La ville c’est aussi l’architecture et les lieux de vies. Les bars sont souvent représentatifs de leurs villes (…) J’aime observer les gens dans ces lieux, les femmes dans une pause décontractée et sensuelle. »

Chez Pierre Farel, l’attraction est aussi esthétique que narrative. Attirants et troublants, ses travaux s’énoncent ouvertement par la séduction.
« Elle amène un état de grâce chez les séduits. Dans le couple, c’est une forme de complicité, de Yin et Yang. Et dans mes scènes, personne ne sait si c'est l’homme où la femme qui séduit. »
L’atmosphère lascive est soutenue par une touche voluptueuse à l’huile sur toile de lin, parfois sur papier Népalais.
« L’huile m’apporte une onctuosité et des couleurs d’une sensualité étonnante. »
Les personnages ondulent d’érotisme et dégagent une sensation de flottement. Ils s’effleurent, dansent, s’enlacent, se dévêtissent…

Cet univers fantasque se place tantôt dans la reconnaissance et l’identification tantôt dans la désorientation des situations et des silhouettes. Sous une fragmentation contrastée, éclaircie de touches blanches vaporeuses, la restitution du réel devient prétexte. Elle sonde l’indéterminable, l’errance dans l’imaginaire. Les formes se lient aux couleurs et sont autant d’assertions au passage du figuratif à l’abstrait, du trivial à l’important. Ce subtil procédé met en place un sentiment paradoxal de reconnaissance et d’étrangeté.

Début de soirée
 
Pour accentuer ce flou sensoriel, l’artiste choisit de ne pas mentionner les visages des personnages.
« Le spectateur peut ainsi intégrer la toile sans qu’une barrière l’arrête. C’est une façon de rendre la peinture un peu plus universelle car quiconque dans n’importe quel endroit du monde peut se reconnaître. »
Ces identités au regard muet et poétique sont les masques de nous-mêmes, des représentations et des fictions de soi. Elles s’imposent au-delà du temps, parfaitement singulières et incarnées dans leurs apparences inachevées en contemplant le spectateur d’un œil spectral entre statisme et disparition.

Le travail pictural est fondamentalement photographique. Il cramponne l’invisible à l’intense et atteste d’un moment disparu, d’un souvenir que l’on maintient vivant par le geste tendre de son évocation ; une sorte de caresse mémorielle.
Les tableaux de Pierre Farel ont en cela quelque chose de familier, comme s’ils avaient été prélevés de nos souvenirs personnels.

Pierre Farel vit et travaille à Ajaccio. Il approche les 1800 toiles peintes et fête cette année ses 30 ans de peinture.