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Les métamorphoses naturelles de Christine Houssay


Christine Houssay franchit les frontières esthétiques. Dessins, lithographies, peintures sur toile, installations… Elle se libère des supports et des disciplines pour préciser et métisser son art multidisciplinaire. La sculpture sur bois est actuellement son terrain d’expression.

Cette artiste autodidacte s’est faite à la force des poignets. Sa recherche physique et sensuelle se laisse guider par le hasard des contingences, celles de la forme du bois, de la manière dont il se fend.
Pour valoriser la matière et profiter de ses imperfections, elle travaille avec des outils manuels, ciseaux et gouges, sur des morceaux de bois collectés dans la ville, dans la nature ou dans le bois à brûler de ses amis.
La sculpture sur bois a toujours été un désir ancré.
« Enfant, nous avions chez ma grand-mère un atelier avec des outils, où nous pouvions travailler le bois. J'ai grandi avant le règne du plastique : tout était en fer, en tissu ou en bois. Le bois est une matière vivante, façonnée par sa vie. » 
Poirier Piffonds (Yonne), 2014, hauteur 40 cm
Dans ce temps retrouvé, Christine Houssay opère une mutation au long cours en évitant l’écueil de l’académisme et du réalisme. Ses sculptures sont taillées de façon minimale, dans une économie de gestes où l’essentiel prime.
Suivant les étapes de création, l’artiste scie, taille, évide, façonne, polit et conserve parfois l'idée de représenter les formes et les espaces organiques. On peut ainsi distinguer la silhouette d’un corps, d’un membre. Cette capacité à suggérer tient à ce qu’elle préserve une sorte d’indétermination quant à l’identité. Les corps asexués, la simplification des masses tendent vers une abstraction intelligente de force et de douceur, incarnée par la présence des sens.
« L'abstraction n'est pas un trajet d'un point à un autre. Mon travail est une transformation des formes dans une relation de tous les sens à la matière. »

Cette dimension synesthésique est portée par la densité du matériau qui rend visible la trace des nœuds et des veines. Ces cercles concentriques sont les marqueurs du temps, des saisons que d’autres ont su sublimer et dont l’artiste fait référence.
« J'admire la façon dont Penone fait raconter au bois sa structure ou l'histoire de sa croissance. »
Les rythmes des surfaces se combinent avec la dynamique des formes. Dans le calme et le mouvement, la rugosité et le poli, l’ombre et la lumière sont pensées avec dualité et un vrai naturel. Son ordonnancement restitue la perception du bois originel. Ses œuvres métamorphosées ne déracinent en rien la matière prélevée. Elles semblent même avoir existé telles quelles avant l’empreinte de la main de l’artiste.