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Born again, Mygalo




Mygalo nous dévoile son goût pour le travail en série, forme de réflexion fertile que sa pratique endosse régulièrement. Sous forme d’all-over, ses séries mécaniques entendent reproduire l’activité répétitive d’un automate qui ressent ; en proie aux sentiments mélancoliques que dictent l’alcool et la mort. Bouteilles vides et têtes de macabés scandent ses toiles avec une certaine ironie. Ce sarcastique fantaisiste avoue s’inspirer des motifs décoratifs des tapisseries de sa grand-mère. À la fois poncif de l'art, le crâne, métaphore de l'existence éphémère, traversé ici par un néant acidulé, est travaillé comme on travaille sa conscience. Le visage s'évanouit dans son centre et s'allège en s'amputant de la chair pour ne laisser deviner que les traits d'une caboche osseuse, celle de l'artiste. Voici toute l’absence récurrente de ce qui est le plus enclin à l’expressivité humaine, le visage.
Momifiée par ces traits aux bandages multicolores, la touche et la couleur se libèrent, laissant cette gestuelle quasi aléatoire ronger et dévorer la peau avec une cruauté amusée pour se faire l'expression de la plus haute subjectivité de l'artiste.
Chacun peut y voir des filiations, Pollock et l'expressionnisme abstrait ne sont pas loin mais l'influence n'est pourtant pas si évidente. Ni abstraction, ni figuration, seulement la suggestion.
Le crâne « mygalomaniaque » n’a rien d’une grosse tête. Il apparaît finement par dripping et pouring sur la toile déposée à même le sol. Huiles récupérées, peinture industrielle pour la voirie, vernis pour bateaux… La rue a aussi ses cadavres esthétiques chers à l’artiste. La texture s’improvise, se mélange, réagit. Parfois la trame reste visible, laissant s’échapper une touche brute mais toujours vivante.
Et puis un geste maîtrisé, l’ultime pour laisser apparaître l’idéalisation de sa représentation « accélérée » par le temps. Pour l’artiste, « La peinture se surveille, c'est comme un enfant que l'on doit veiller pour qu'il ne fasse pas de bêtises. Il faut forcément contrôler le côté aléatoire des choses même si il y a toujours une part de surprise. Cela fait partie du jeu. Ma légère intervention pour calmer les choses, les transformer est nécessaire. » Dompter la technique et ses artéfacts pour mieux illuminer l’irréfutable impasse de la vie. De cette ambition humaine émerge une énergie sans fin. Une course contre la mort, qui trouve son esthétique.

 Mygalo est né en 1982. Il vit et travaille en banlieue parisienne. Il peint depuis 1996.

Exposition  du 20 Mai 2011 au Samedi 25 Juin 2011  
Horaires : 14H30 - 19h 
Galerie Raphaël Imbert,35bis, Rue La Fontaine, Paris 75016